La nuit est doucement tombée sur la Marche de l’ouest… Sous la Lune qui éclaire la plage, le vieux mage s’est assis, face au Phare de l’ouest... Il semble fatigué, pensif... Machinalement, il prend une poignée de sable, et la fait couler entre ses doigts, son regard brillant, trop brillant, se perd dans le lointain de la mer…
A distance, un peu plus loin, près des épaves, comme pour ne pas le déranger, Zangara, Naboo, Luxan, Thomphis, demeurent graves et silencieux…
Silencieux comme les Défias, qui dorment dans leurs campements, normal à cette heure, mais aussi comme les Gnolls, les clampants qui ne cliquètent plus, les Murlocs, qui ont cessé leurs inteminables « arglglglgloo »… Comme si tous, par respect, avaient décidé cette nuit de trève…
Par respect pour Thomper, qui, ce soir, est malheureux…
Thomper ferme les yeux, pour revoir en pensée Thagrama qu’il ne verra plus… Thagrama est partie… Doucement, en dormant, a dit Tabetha, chez qui elle vivait depuis la destruction de Lordaeron et la mort en héros de Thongranper…
Thomper repense à son enfance, cette douce enfance, quand il venait passer ses vacances chez les Jansen, fermiers de ses parents, à une époque où la paix régnait, et où la Marche de l’Ouest était le lieu « chic » de villégiature d’été des gens aisés de Lordaeron… Il revoit Thagrama, qui criait bien fort quand il terminait ses crèmes brûlées à la boule de feu, ou quand il lui glissait de petits traits de glace dans le cou...
Des moments si heureux, avant les malheurs de la guerre…
Thomper voudrait crier, hurler... Hurler à la mer sa peine, son chagrin... Mais il préfère finalement ce silence… il se laisse bercer par le doux bruit des vagues… Ses yeux se ferment... Et sur le sable tombent quelques gouttes qui ne sont pas de l'eau de mer...
Combien de temps est-il resté ainsi... il ne sait pas... Bientôt, l'aube va poindre, avec ses couleurs orangées... Il a un peu froid… Il se sent seul, abandonné… Et pourtant il sait bien que Zangara et ses fils ne sont pas loin…
Il contemple le ciel, ce ciel immense et étoilé, qui commence à pâlir…
Et là… Que... Oh… Juste au dessus du Phare de l’ouest… Il y a une étoile… Une *nouvelle* étoile, qui n’était pas là hier, et qui scintille…
Doucement…
Presque avec chaleur…
Thomper ébauche un sourire… Pour lui, pour eux, elle sera toujours là...
Alors il se relève, respire à pleins poumons, cet air frais du petit matin, et d’un pas ferme, marche vers les siens…